LES MOTS DE LIBÉ

1°) À l’heure où des socialistes ont l’attaque facile contre d’autres camps, en particulier les insoumis, certains chez les roses préfèrent pratiquer l’introspection. «Que ce soit le RN, la macronie, LFI, les écolos, ou même les communistes, tout le monde est capable de résumer assez simplement leur vision du monde et leur projet, relève ainsi une députée PS. Mais nous ? Qui est capable de dire ce qu’on défend en priorité ? Quand on pose la question dans notre parti, il y a quasiment autant de réponses que de socialistes ! C’est bien qu’il y a un problème.» Notre élue y voit la cause profonde des difficultés de son parti à incarner à nouveau une forme de leadership à gauche. Et qui explique peut-être pourquoi des personnalités qui gravitent dans l’écosystème du PS, comme Bernard Cazeneuve ou Raphaël Glucksmann, sont partis en tournée dans les territoires, avec l’objectif d’en revenir en ayant formulé quelques grandes idées phares. «Parce que répéter qu’on est des sociaux-démocrates ou un parti de gouvernement, ça ne va pas suffire !», tacle encore notre députée rose. Y’a plus qu’à. Lu. A.

2°) Réforme des retraites : coup de chaud à l’Assemblée après les menaces du député Modem Nicolas Turquois

A la suite d’un incident provoqué dans l’hémicycle par l’élu centriste, les huissiers de l’Assemblée nationale ont dû s’interposer entre le député de la Vienne et deux de ses confrères, le LFI Antoine Léaument et le PS Mickaël Bouloux, dans la soirée de jeudi 28 novembre. La scène illustre parfaitement le niveau de tension atteint jeudi 29 novembre lors de l’examen de la niche parlementaire de LFI, et plus largement dans la politique française depuis la nomination du gouvernement Barnier – même si tout était trèèèès loin du calme et de la mesure depuis bien longtemps. Il restait une heure et demie avant le gong de minuit et l’échec de l’abrogation de la réforme des retraites, après une journée entière d’obstruction du «socle commun» et sa dénonciation par le NFP et le RN – ce qui a, en cascade, suscité une avalanche de mails et parfois de menaces sur les députés du camp Barnier, dont les amendements et votes (déjà publics) ont été affichés par leurs opposants. Tout était donc réuni pour que ça pète. Et cela n’a pas raté : à 22h30 et quelques, le député MoDem Nicolas Turquois a dû être exfiltré de l’hémicycle par ses collègues mais aussi les huissiers de l’Assemblée car il venait, lors d’une suspension de séance, de s’approcher d’un élu PS «rouge de rage en le pointant du doigt d’un air menaçant à quelques centimètres de son visage», rapporte le Figaro. «Ma famille a été menacée ! Et ce sont des personnes de ton village !», aurait lancé le député centriste à Mickaël Bouloux. La bagarre est évitée de peu par son président de groupe, Marc Fesneau, mais les insoumis Antoine Léaument et Thomas Portes exigent qu’il «sorte» de l’hémicycle. Nouveau coup de chaud de Turquois, qui finit donc par être évacué. Et Léaument de s’estimer heureux, à la reprise des débats, de ne pas s’être «pris une beigne». Fesneau a ensuite assez mollement déploré l’attitude de son député. «Le député en question s’en expliquera le temps voulu… Il n’y a pas eu d’acte de violence. […] Ce sont des choses qui arrivent.»Et cette quasi-baston, digne des scènes venues de Parlements lointains que l’on croit inimaginables chez nous, suscite de la part de la coalition au pouvoir des réactions bien moins outrées que lorsque (au hasard) des insoumis sont mis en cause pour leur «violence» ou leur «attitude menaçante»,sans qu’ils n’aillent jamais aussi près de l’agression physique. Tout cela a pourtant bien choqué les députés, un élu EPR confiant après coup, tout en sous-entendus bien appuyés : «Tout le monde était chaud. Mais moi je bois des diabolos menthe…» Et un insoumis d’indiquer que Turquois «n’est pas venu s’excuser car pas en état», ajoutant que le centriste avait eu «le coude lourd». Vendredi matin, le centriste est revenu sur l’incident auprès de BFM, reconnaissant avoir «pété un câble, comme on peut dire, je le regrette, mais parce qu’à la base, il y a des choses inacceptables». Revenant sur la contexte, il explique : «Depuis deux jours, il y a une liste des députés qui ont déposé des amendements, dont je fais partie. J’avais déposé 85 amendements. Je suis passionné par le sujet des retraites. Et cette liste a été largement diffusée par les réseaux de la France iInsoumise, y compris envoyée à mes proches.»

Mise à jour à 11h56 avec la réaction de Nicolas Turquois.