Bruno Gaccio, dans une interview récente exprime à peu près que : « depuis qu’il est à la retraite, il peut pleinement exprimer ses pensées car il ne peut plus être viré.»(https://youtu.be/VbnNsb4DZOU) . Cette phrase a déclenché chez moi, une réflexion sur l’importance qu’a dans une carrière, la «dépendance » ou l’ « indépendance » des employés à l’égard des patrons.
La scène de l’émission de BFMTV « Touche Pas à Mon Poste », dans laquelle Hanouna invective le député Insoumis qui avait osé critiquer Bolloré, patron de la chaîne, m’est revenue en mémoire : Il avait osé parler de ses activités « nuisibles » en Afrique.
Hanouna avait alors déclamé un « sermon d’hypocrite »(mélange de serment d’hypocras et de sermon quasi religieux), pour crime de déloyauté ( de « lèse-majesté » ?) envers « celui qui vous nourrit »).
ce « lien de loyauté » à l’égard de celui qui vous nourrit est la clé de voûte de la pensée capitaliste censée régir le lien contractuel « moral » entre l’employeur et l’employé, dans la vision d’Hanouna.
Dans l’analyse marxiste les deux protagonistes « employeur /employé » ont un rôle de subalternité « technique » n’impliquant pas le « devoir moral de loyauté » : L’employeur a besoin de l’employé pour produire ce qui lui permettra de créer de la richesse, et l’employé recevra, en compensation, de sa force de travail, le salaire. Le salarié est au service du patron, qui, jusqu’à l’apparition de la force syndicale, devait rester discret sur ses pensées et qui depuis a pu imposer la possibilité de poser ses revendications.
Dans les métiers où la force physique n’est pas requise (employés de bureau, et autres métiers du « secteur tertiaire ») cette force est une compétence « autre ».
La violence d’Hanouna à l’égard de la rébellion perfide d’un ancien « employé » de la chaîne, n’est pas seulement un acte inconsidéré impulsif, mais le fruit d’une vision capitaliste qui implique une soumission absolue de l’employé à l’égard de l’employeur .
Il en résulte, pour l’employé, l’impossibilité de s’exprimer et revendiquer auprès du patron sans risque de licenciement.
Or le syndicalisme et les luttes syndicales du vingtième siècle ont été la seule arme des travailleurs contre la toute puissance du patronat.
Grâce aux luttes syndicales ont été imposées, non sans souffrances, les loi sociales : limitation des heures de travail quotidiennes, congés payés, droits à la retraite, droit à la maladie,…
Parfois également ont-elles seulement pu contrer ou ralentir le train des lois antisociales.
On a vu la puissance du patronat croitre vers la fin du vingtième siècle, avec la dernière « quasi-victoire » pour stopper le plan « Juppé, en 1995 ».
Force est de reconnaître que le vingt et unième siècle s’est montré sous d’autres augures. Le cynisme décomplexé de la nouvelle droite depuis Sarkozy, déjà agissant sous le règne de Chirac, puis devenu président, imposa ses réformes antisociales, malgré les luttes syndicales, particulièrement pour la réforme des retraites de 2010.
En 2023 la puissance réactionnaire, par la force des 49.3, gagna contre le peuple, opposé à plus de 70% à ce recul social…
…Et les actions des syndicats, pourtant exceptionnellement unis, s’avéra quasi « inutiles » face à cette montée en puissance de l’autoritarisme bourgeois.
On comprend mieux pourquoi la destruction des services publics n’a rien à voir avec une recherche de préservation des systèmes, ou une quelconque économie budgétaire, puisqu’on trouve des milliards pour plein d’autres choses, (+ de 413 milliards pour l’armée et la police, les salaires et dépenses astronomiques de l’appareil politique et associés : Mc Kinsey, commissions d’enquêtes, et organismes semi-publics, institut du monde arabe, etc…) qui servent surtout à engraisser les « copains ».
Ces « Copains en bourgeoisie » ne se font jamais de mal entre eux (droite, centre, gauche caviar, et même extrême droite…). Le mot engraisser prend toute sa définition avec des repas « hyper gastronomiques » au sénat, (mais pas que…) au prix d’une pizza.
Non ! La vraie motivation des « dominants » pour casser les services publics est la volonté de créer un rapport de force défavorable aux syndicats…
Or le constat est simple les syndicats des services publics sont le fer de lance des luttes sociales : RATP, SNCF, EDF, éducation nationale…
Et cette puissance de lutte effraie tellement la bourgeoisie que la décision de casser les services publics est devenue impérative. Ces travailleurs encore « protégés » par le contrat de fonctionnaire, ne pouvaient pas être « virés »aussi facilement que ceux du privé. Même si cette « indépendance » attaquée depuis des décennies a perdu de sa force de protection et s’amenuise régulièrement, son statut reste tout de même encore meilleur que le statut du « privé » pourtant réduit à la portion « congrue ».
Car si les travailleurs du privé avaient les mêmes droits cela remettrait en cause l’équilibre de la « terreur » entre le patron et le travailleur. (je ne parle pas des PE et TPE, dont les patrons sont souvent également des travailleurs).
On comprends l’importance pour les milliardaires d’acheter tous les médias : Implanter dans la tête et le cœur de la population la peur et la soumission !(à l’ordre établi), ainsi que la haine de ceux qui s’opposent vraiment à leurs plans.(Malcolm X disait : « Si vous ne faîtes pas attention, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs ».)
Une dégradation programmée de la popularité des services publics, dès leur création en 1945/1946, a été méticuleusement organisée par un dénigrement grâce à des « blagounettes »du style : SNCF (sans nous cheminots foutus), ou bien fonctionnaires « fait néant » toujours les mains dans les poches… Un jour alors qu’un élève répétait cette phrase, je lui demandais : « m’as tu déjà vu les mains dans les poches ? NON répondit-il. Hé bien je suis fonctionnaire ! » ses yeux s’écarquillèrent de surprise.
Ce discrédit est amplifié par la destruction systématique des moyens de fonctionnement qui affectent la vie quotidienne de la population et l’incite à être en colère contre ces dysfonctionnement sans en comprendre les raisons. Et cela s’ajoute finalement à leur discrédit.
On ne peut pas donner aux riches « en même temps » qu’aux pauvres ». Il faut donc choisir ! Le gouvernement a choisi, et ce n’est pas pour nous.
D’ailleurs la pensée réactionnaire s’exprime par cette sentence entendue de la bouche de nombreux commentateurs : « donner 1 million d’€ à 1 million de personne ne fait qu’un € par personne, alors que récupérer 1 € par 1 million de personne fait une récolte d’un million d’euros… CQFD
Donc on glisse dans les sentences populaires, que « prendre aux riches pour donner aux pauvres n’enrichira pas les pauvres » et n’est donc pas une solution ! (Qu’on attribue aux « gauchistes ! »)
Alors que la solution prônée par la gauche de justice sociale n’est pas de « piquer aux riches leur argent », mais de « récupérer l’argent qu’ils nous ont volé », par le biais, entre autres, des défiscalisations.
Défiscalisations que le système et les lois, leur a permis de nous prendre, au détriment du social : santé, retraites, et tous les services, de moins en moins, publics. (CICE*par exemple, 200 milliards détourné des caisses de la sécu vers les bénéfices des grandes entreprises, en 10 ans, mais pas que…)
UNE QUESTION : Pensez-vous que nous payons : « autant », « moins », ou « plus » d’impôts qu’il y a quatre décennies ?…
Réponse dans un prochain article… « Comment la bourgeoisie organise l’opacité de ses revenus et de notre appauvrissement » …
PS : petite chanson sur la tartufferie de notre société : https://youtu.be/1LV4cjl-jeI
Daniel Coutant (l’INFO CITOYENNE 24)