Bruno Gaccio, dans une interview récente dit à peu près : « depuis que je suis à la retraite, je peux pleinement exprimer mes pensées car je ne peux plus être viré .». Cette phrase a déclenché chez moi, une réflexion sur l’importance qu’a dans une carrière, la «dépendance » économique vitale que le pouvoir des patrons a sur les employés. Ce qui m’a rappelé la scène de l’émission de BFMTV « Touche Pas à Mon Poste » quand Hanouna a invectivé le député Insoumis qui avait osé critiquer Bolloré, patron de la chaîne. Il avait osé parler de ses activités
en Afrique. Hanouna avait alors déclamé un « sermon d’hypocrite »(mélange de serment d’hypocras et de sermon quasi religieux, pour crime de lèse majesté et de déloyauté envers « celui qui vous nourrit »). ce « lien de loyauté » à l’égard de celui qui vous nourrit est la clé de voûte de la pensée capitaliste censée régir le lien contractuel « moral » entre l’employeur et l’employé.
Dans l’analyse marxiste les deux protagonistes « employeur /employé »ont un rôle n’impliquant le « devoir de soumission-loyauté » : L’employeur a besoin de l’employé pour produire ce qui lui permettra de créé de la richesse, et l’employé recevra en compensation de sa force de travail une rétribution : le salaire.
Dans les métiers où la force physique n’est pas requise (employés de bureau, et autres métiers du « secteur tertiaire ») cette force est une compétence « autre ».
La violence d’Hanouna à l’égard de la perfidie rebelle d’un ancien « employé » de la chaîne, n’est pas seulement un acte inconsidéré impulsif, mais le fruit d’une vision, peut-être inconsciente, car elle implique une soumission de l’employé employeur-employé du second envers le premier.
Il en résulte, quasi naturellement, l’impossibilité pour l’employé de « remettre en cause » les décisions du patron sous peine de licenciement. Ce qui est l’exacte négation de l’existence des syndicats. Or le syndicalisme et les luttes syndicales du vingtième siècle ont été la seule arme des travailleurs contre la toute puissance du patronat. Grâce aux luttes syndicales ont été imposées, non sans souffrances, les loi sociales : limitation des heures de travail quotidiennes, congés payés,et droits à la retraite. Parfois également à seulement contrer ou ralentir le train des lois antisociales.
On a vu la puissance du patronat croitre vers la fin du vingtième siècle, avec la dernière « quasi-victoire » pour stopper le plan « Juppé, en 1995 ». Force est de reconnaître que le vingt et unième siècle s’est montré sous d’autres augures, avec le cynisme décomplexé de la nouvelle droite depuis Sarkozy, déjà sous le règne de Chirac, puis président avec les lois antisociales, et particulièrement la réforme des retraites de 2010. ..Pour celle de 2023, La puissance réactionnaire a démontré que le « règne des syndicats » était en perte de vitesse, voir quasi « inutile » compte tenu du résultat final.
Car face à la puissance populaire : des dizaines de manifestations avec des millions de personnes et un refus de plus de soixante-dix % du peuple opposé à ce recul de deux ans, Macron imposa cette réforme ; certes sans l’avoir votée, mais imposée 49.3, et elle sera appliquée.
On comprend mieux pourquoi la destruction des services publics n’a rien à voir avec une recherche de préservation des systèmes, ou une quelconque économie budgétaire, puisqu’on trouve des milliards pour plein d’autres choses, (+ de 413 milliards pour l’armée et la police, les salaires et dépenses astronomiques de l’appareil politique et associés (Mc Kinsey, commissions d’enquêtes des lois, et organismes semi-publics,institut du monde arabe, dont il paraît évident qu’elles servent surtout à engraisser les « copains » qui ne se font jamais de mal ente eux (droite, centre, gauche caviar, et même extrême droite…). Le mot engraisser prend toute sa définition avec des repas « hyper gastronomiques » au prix d’une pizza au sénat. Mais pas que…
Non ! La vraie motivation des dominants pour casser les services publics est le rapport de force et la « relative indépendance » des travailleurs du service public d’avec leur employeur. Jusqu’à l’orée du XXIè siècle ces travailleurs avaient des droits sociaux et syndicaux qui les protégeaient. On a vu la destruction de ces droits, accompagnés d’un dénigrement des services publics dès leur création en1945 194,6 avec des « blagounettes »du style : SNCF (sans nous cheminots foutus), ou bien fonctionnaires « fait néant » toujours les mains dans les poches… Un jour alors qu’un élève répétait cette phrase, je lui demandais : « m’as tu déjà vu les mains dans les poches ? NON répondit-il. Hé bien je suis fonctionnaire ! » ses yeux s’écarquillèrent de surprise.
Car si les travailleurs du privé avaient les mêmes droits, je ne parle pas des PE et TPE, dont les patrons sont souvent également des travailleurs, cela remettrait en cause l’équilibre de la « terreur » entre le patron et le travailleur. On comprends l’importance pour les milliardaires d’acheter tous les médias : Implanter dans la tête et le cœur de la population la peur et la soumission !(à l’ordre établi)
On ne peut pas donner aux riches et aux pauvres. Il faut choisir ! Le gouvernement a fait son choix, et ce n’est pas pour le peuple. D’ailleurs la pensée réactionnaire s’exprime par cette sentence entendue de la bouche de nombre de commentateurs : « donner 1 million d’€ à 1 million de personne ne fait qu’un € par personne, alors que récupérer 1 € par 1 million de personne enrichit l’état (ou une personne déjà riche ?) sans appauvrir les payeurs. » CQFD
Donc on glisse négligemment des pensée comme « prendre aux riches pour donner aux pauvres n’enrichira pas les pauvres,( trop nombreux et trop feignants?) », mais affaiblira les riches. (dans leurs œuvres de charité ?)
Cette phrase tendancieuse nie que « les riches sont riches de l’appauvrissement des pauvres » .
Alors que la réalité n’est pas de « piquer aux riches leur argent », mais de « récupérer ce que le système et les lois, leur a permis de nous prendre, par le biais, entre autres, des défiscalisations qui font sombrer la santé, les retraites, et tous les services, de moins en moins, publics. CQFD (CICE*par exemple, 200 milliards en 10 ans, mais pas que...)
Daniel Coutant (l’INFO CITOYENNE 24)